English to follow

En réaction aux injustices et aux inégalités sociales dont il souffre, un homme fait l’apologie de la raclée en tant qu’ultime moyen de communication…
Transfert est un poème cruel, dont personne ne sortira indemne.

Vision des réalisateurs

TRANSFERT est une mise en images du monologue 1, tiré de « Haberos quedado en casa, capullos » de Rodrigo Garcia, que Pascal Contamine et moi, Martin Desgagné, avons adapté en québécois et tourné dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Nous avons ressenti une forte connexion entre le propos, la charge émotive, contenus dans le texte de Garcia et la réalité que vivent plusieurs citoyens de notre quartier. Il nous est alors parut essentiel de faire dialoguer les deux univers afin de mettre en lumière l’universalité des conséquences humaines que peut avoir les violences générées par l’exclusion sociale, le manque de ressource et la pauvreté, tant matérielle que culturelle.

Cet exercice poétique permet de donner des mots à un personnage qui, dans la réalité, serait sûrement incapable de décrire avec autant de précision le schème de pensée qu’il s’est construit afin de survivre à l’impitoyable brutalité de son milieu de vie.

TRANSFERT nous amène aussi à réfléchir sur le phénomène de la transmission de la violence, que celle-ci se fasse de génération en génération ou d’une classe sociale vers une autre. Pendant la production du film, nous avons souvent pensé à la théorie des rats de Laborit qui nous en apprend beaucoup sur le phénomène: un rat qui est soumis à de constants petits chocs électriques finira par mourir à moins qu’il ne réussisse à se décharger, ce qu’il fera sur un autre rat, en l’attaquant, s’il en a l’occasion. À son tour, le rat attaqué mourra s’il ne parvient pas à se décharger sur un autre plus petit ou plus vulnérable. Nul besoin de dire que le protagoniste principal de TRANSFERT a besoin de se décharger et que le spectateur n’est pas épargné.

Sur le plan formel, mentionnons que contrairement à une certaine tradition cinématographique qui valorise l’épuration de mots, ceux-ci constituent ici la base et le moteur du film, un peu comme le serait une chanson pour un vidéoclip. Car c’est la logorrhée de mots du monologue qui a imposé le rythme au montage. Combinés à un environnement sonore sournoisement enveloppant, ils fusent tels des « coups de batte » sur le spectateur afin de lui faire vivre l’escalade d’une « volée » métaphorique qui le laissera sonné. Il vit alors une expérience sensorielle oppressante qui le transporte presque physiquement dans l’univers du personnage.

Mentionnons aussi que le choix des images explore l’influence qu’a l’environnement qui nous entoure sur notre façon de voir la vie et, par extension, sur nos actes. L’état des lieux, la présence ou l’absence de raffinement, que ce soit dans l’architecture, le mobilier urbain ou n’importe quel détail environnant, nous envoient chaque jour des messages qui, inévitablement, nous affectent et ce, la plupart du temps, de manière inconsciente. La macro photo utilisée à plusieurs reprises dans le film attire d’ailleurs notre attention sur ces détails qui ont, au final, tant d’importance sur ce que nous devenons. Le fait d’être aussi collé sur les choses et sur le personnage principal évoque aussi le manque de recul de ce dernier face à la vie, ce qui limite sa compréhension du monde.

À différents niveaux, TRANSFERT nous invite donc à prendre conscience de la multiplicité des formes que prend la violence et surtout de la fluidité sournoise avec laquelle elle se transmet pour faire ses ravages.

Car avec la prise de conscience vient la possibilité d’agir.

La possibilité de briser le cycle.

In response to the injustices and social inequalities he suffers, a man praises the beating as an ultimate means of communication …
Transference is a cruel poem, from which no one will come out unscathed.

Director’s Statement

During the production of Transference, we often thought of Laborit’s rat theory which tells us a lot about the transmission of violence: A rat that is subjected to constant small electric shocks will eventually die unless it succeeds to unload, what he will do on another rat, attacking him, if he has the opportunity. In turn, the attacked rat will die if it fails to unload on another smaller or more vulnerable one.

Pendant la production de Transfert, nous avons souvent pensé à la théorie des rats de Laborit qui nous en apprend beaucoup sur la transmission de la violence: Un rat qui est soumis à de constants petits chocs électriques finira par mourir à moins qu’il ne réussisse à se décharger, ce qu’il fera sur un autre rat, en l’attaquant, s’il en a l’occasion. À son tour, le rat attaqué mourra s’il ne parvient pas à se décharger sur un autre plus petit ou plus vulnérable.